Logement étudiant 2025 : le fossé se creuse entre métropoles et petites villes

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Dans un contexte de tension généralisée sur le marché locatif, le Baromètre 2025 du logement étudiant dresse un état des lieux préoccupant : les inégalités territoriales s'accentuent, avec des métropoles de plus en plus inaccessibles pour les jeunes et des villes moyennes qui peinent à absorber une demande croissante.
 

Le logement reste le premier poste de dépense pour les étudiants, pesant souvent plus de la moitié de leur budget mensuel. Or, selon le Baromètre 2025, qui analyse 47 villes universitaires, l’accès à un toit se transforme progressivement en parcours du combattant dans les grandes agglomérations. Le baromètre s’appuie sur un indicateur synthétique baptisé « Logiscore », calculé à partir de plusieurs critères : le loyer moyen des studios, la tension locative (c’est-à-dire le rapport entre l’offre et la demande), la part de logements sociaux, les aides spécifiques disponibles localement et le taux de suroccupation. Ce score classe les villes de A à D, selon leur capacité à accueillir décemment les étudiants.
 

Les résultats sont sans appel : seules quelques villes obtiennent la note maximale (A), à l’image d’Arras, Besançon ou Limoges, qui conjuguent des loyers modérés – souvent inférieurs à 350 € par mois –, une rotation raisonnable des logements et un parc social mobilisable. À l’opposé, Paris, Lyon, Bordeaux ou encore Nice affichent une note D, avec des loyers avoisinant ou dépassant les 600 €, une tension locative extrême, et une offre publique très insuffisante. Dans ces villes, la location étudiante entre directement en concurrence avec la location touristique et professionnelle, ce qui fait mécaniquement monter les prix.
 

Entre ces deux extrêmes, une « classe moyenne » composée de villes classées B (comme Nancy, Reims ou Pau) ou C (Toulouse, Nantes, Grenoble) offre des compromis acceptables. Mais la dynamique est fragile : dans ces villes, les loyers continuent de grimper (+18 % en dix ans, passant de 383 € mensuels en 2016 à 453 € en 2025), et les résidences universitaires sont souvent saturées.
 

Les raisons de cette tension sont multiples. Premièrement, le déficit chronique de places en résidence Crous reste criant : on compte aujourd’hui seulement six lits pour cent étudiants, obligeant la majorité des boursiers à se tourner vers le parc privé, plus onéreux et rarement pensé pour les besoins spécifiques des jeunes. Ensuite, la baisse des APL étudiants décidée en 2017 a eu un effet dissuasif sur la construction de logements sociaux : les bailleurs, moins incités financièrement, ont ralenti leur production. Enfin, la généralisation des plateformes de location de courte durée (type Airbnb) aggrave la situation dans les centres-villes, en absorbant une part croissante du parc locatif disponible à l’année.
 

Face à ces constats, le rapport formule plusieurs recommandations. Il préconise une relance massive de la construction de résidences étudiantes, via des partenariats public-privé et une revalorisation des aides au logement. Il invite également les collectivités à rééquilibrer la carte universitaire, en soutenant le développement de formations dans des villes moyennes moins tendues. Objectif : désengorger les métropoles et offrir aux jeunes des parcours de qualité dans des territoires plus accueillants.
 

Au-delà du constat, ce baromètre met en lumière une forme de fracture géographique du système universitaire français, où l’accès à l’enseignement supérieur devient inégal en fonction du lieu d’étude. Un phénomène inquiétant pour l’équité des parcours et la mobilité sociale.
 

Sources : Baromètre du logement étudiant 2025 (Actusite, 28 mai 2025).